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Juste quelques mots
13 juillet 2008

HC : La maison

      Le soleil était presque à son zénith lorsque Thomas pointa le dernier clou sur la planche de bois. Le dernier, il n’arrivait pas à y croire. Des mois qu’il s’échinait à bâtir, planche après planche, le lieu qui deviendrait un foyer pour sa famille. C’était incroyable d’imaginer que la petite maison qu’il avait sous les yeux n’existait d’abord que dans ses pensées. Il avait essayé de faire partager son enthousiasme à sa femme, Anna, alors enceinte. Il lui avait longuement parlé de leur vie une fois la maison construite. Ils y seront bien, il en était sûr. Le cadre était beau, calme et un peu isolé. Il ne voyait la vie qu’ici. Qu’avec elle. Cette maison était la représentation de tout ce qu’il voulait construire, et protéger. Et ça y est, elle était là, presque finie. Il donna un coup de marteau qui sonna comme un glas.

     Anna avança avec le petit Joe dans ses bras. Le petit bonhomme avait presque deux ans, il marchait tout seul maintenant. Mais Anna aimait encore à le porter contre elle, espérant vainement que rien ne changerait jamais. Elle apporta une tasse de café à son mari, et jeta un regard vers la maison. Ça y est, elle est terminée. Cette idée lui faisait presque peur, d’un certain côté. Que fait-on, une fois que le but est atteint ? Que le rêve est là ? Maintenant que l’édifice était en face d’elle, elle se demandait si elle était prête. Mais c’était ce qu’elle avait toujours voulu, ce qu’ils avaient toujours voulu tous les deux. Un endroit à eux, la concrétisation de tout. Elle regarda encore une fois la façade. Oui, ils seraient bien ici.

     Thomas conduisit sa femme et son fils vers la porte. Il commença à l’ouvrir, et celle-ci protesta par un grincement sonore, qui prit l’homme au dépourvu et fit rire sa femme. Les trois entrèrent dans la pièce principale, aux murs de bois nus, et toujours sans meuble. Il y faisait un peu sombre, les fenêtres n’étaient pas assez exposées à la lumière, et une des lattes du plancher craquait fortement sous le poids des propriétaires. La cuisine, comme les chambres, était un peu petite. D’accord, la maison n’était pas parfaite, elle avait quelque petits défauts, mais c’est le cas pour tout ! En un sens, elle était la maison idéale grâce à ses défauts. Plus que la bâtisse, c’était le symbole qui comptait. Maintenant qu’elle était là, elle durerait sans doute plus longtemps que Thomas et Anna. Peu importe ce qui se passerait dans cette maison, elle et ce qu’elle représente resteront là pour un petit moment.

     Thomas prit son fils entre ses bras, et lui demanda, très sérieux : « Alors, elle te plaît la maison ? » Le garçon fit un oui de la tête, avant de commencer à gambader dans la pièce. Thomas était content. La maison était finie, mais c’est toute une vie qui commençait.

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Commentaires
L
J'aime bien ce texte qui est simple et doux, universel. <br /> <br /> Tes choix de textes révèlent au moins deux facettes : une assez fantastique (le terme est peut-être inadéquat) et une très réaliste, et je trouve ça bien ;) !
C
snifouille
M
Mon juju,<br /> Ca fait bien longtemps que je n'ai pas eu l'occasion de te parler alors voila...<br /> Je trouve que ce blog est vraiment très bien fait et ça me fait super plaisir de pouvoir enfin lire certaines de tes compositions. Tu écris très bien alors continue sur ta lancée.<br /> Je t'embrasse<br /> Marie-Camille (juste au cas où tu n'avais pas compris)
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